Je m'appelle Lancelot et je suis né 7 semaines trop tôt...
Publié : dim. sept. 10, 2006 12:45 pm
Je m'appelle Lancelot et je suis né 7 semaines trop tôt. Voici mon histoire... C'est long mais ça vous aidera à comprendre le vrai sens du mot "prématuré"...
Ma naissance était prévue pour le 11 octobre mais j'ai vu le jour le 25 août. Eh oui! Il y a beaucoup de différence! Je suis né à 33sa+2 soit 46 jours avant la date prévue. Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis venu si vite? Eh bien, c'est parce que Maman a attrapé un streptocoque B qui se baladait dans son sang et dans mon liquide amniotique. Les médecins ne pouvaient pas me soigner dans son ventre alors ils ont décidé de me faire sortir pour me guérir. Ca n'a pas été très difficile puisque Maman avait beaucoup de contractions depuis plusieurs jours. Je suis donc né le 25 août 2006 à 3h57. Je pesais 2,770 kilos pour 49 cm.
Quand on naît aussi tôt, notre petit corps n'est pas tout à fait prêt. On m'a donc mis dans une couveuse avec une CIPAP (un appareil qui m'aidait à respirer). Quand ma maman m'a vu comme ça pour la première fois, elle a beaucoup pleuré! Ca a été un énorme choc pour elle! Sa famille et ses amis lui demandaient des nouvelles de moi alors elle répondait que j'étais aux soins intensifs de néonatologie et qu'elle ne voulait pas avoir de visites. On ne peut y aller que 2 par 2 et les enfants ne sont pas autorisés à entrer. (A part les frères et soeurs). Il faut se laver et désinfecter les mains avant d'entrer et annoncer notre arrivée aux infirmières. Lorsqu'on arrive dans la salle, c'est très impressionnant! Il y a des couveuses partout, une infirmière par bébé et des alarmes sonnent à tout moment. On sent un état de stress général et ce n'est pas agréable du tout...
J'avais un monitoring pour surveiller ma FC (fréquence cardiaque), ma FR (fréquence respiratoire) et mon O2 (taux d'oxygène dans mon sang). Les alarmes sonnaient souvent car j'arrêtais de respirer quand je dormais ou quand je mangeais. Une fois, Maman me portait et j'étais tellement bien que je me suis endormi... tellement fort que j'en ai oublié de respirer! Toutes les alarmes de mon monitoring ont sonné et mon pouls est passé de 154 à 77 et mon taux d'oxygène de 99 à 65! J'étais couché sur Maman et je ne bougeais plus. L'infirmière qui s'occupait de moi est venue en courant et a dû me secouer pour que je me réveille. Mais ça n'a pas marché! Elle m'a secoué encore plus fort et a enlevé ma couverture pour que j'aie froid! Maman me regardait les yeux remplis de larmes et j'ai lu sur son visage la peur de me perdre à tout jamais... A ce moment, elle s'est dit que tout était fini... Mais j'ai finalement décidé de me réveiller et mon petit coeur est reparti après une longue et interminable minute!
Le jour suivant, j'ai fait la jaunisse. Pour me soigner, on m'a mis sous une lampe bleue et puisqu'elle est très puissante, on m'a mis des lunettes pour protéger mes petits yeux. Avec tous les antibiotiques que j'avais via ma perfusion (8 par jour!) en plus de la photothérapie, je peux vous dire que j'étais très fatigué et que j'ai fait beaucoup d'arrêts respiratoires. J'étais à mon 3e jour de vie et j'avais déjà subi tellement d'examens et de souffrances que Maman a pleuré toute la journée dans sa chambre... Elle était tellement triste de me voir dans cette "boîte" comme elle dit avec la perfusion au poignet, les 3 fils du monitoring dans le dos, le fil de l'oxygène au pied, la CIPAP dans nez, la lampe bleue, les lunettes, les pansements des prises de sang et la sonde dans la bouche qu'elle a complètement craqué! Elle n'arrivait pas à s'arrêter... Elle se répétait que normalement, je devrais encore être dans son ventre et que rien de tout cela n'aurait dû m'arriver. Elle a beaucoup culpabilisé et s'en voulait à mourir! Elle a demandé de l'aide aux sages-femmes qui ont appelé mon pédiatre. Il lui a alors expliqué qu'elle n'y était pour rien et que c'est un manque de chance d'avoir eu cette bactérie. Elle a compris que ce n'était pas de sa faute mais encore aujourd'hui il lui arrive de s'en vouloir...
Les jours ont passé et j’ai pu quitter les soins intensifs pour aller à l’hospitalisation. C’est beaucoup plus calme et il y a une infirmière pour 3-4 bébés. Là-bas, je suis toujours sous monitoring car je fais encore des bradycardies et des désaturations pendant que je dors ou que je mange. Mon pédiatre a décidé d’épaissir le lait de maman pour voir si je fais moins d’arrêts respiratoires (il pense que j’ai du lait qui sort de mon estomac et qui va dans mes poumons). Depuis, je fais beaucoup moins de bradycardies mais j’ai du mal à digérer alors je vomis souvent. On m’a fait des radiographies de tout l’abdomen pour voir ce qui n’allait pas. Maman était à côté de moi et une fois de plus, elle était morte d’inquiétude… Moi, je pleurais très fort parce que j’avais faim et que les médecins me faisaient mal. Heureusement, Maman a su garder son sang froid et elle me parlait doucement et me rassurait. Après cet examen, elle m’a donné le sein mais je n’ai pas encore la force de téter alors je prends 10ml et je m’endors. Il faut donc me donner le reste de mon lait par la sonde.
Après 2 semaines passées à l’hôpital, Maman a décidé de dormir au près de Papa et de faire les trajets tous les jours. La première fois qu’elle est rentrée à la maison, elle a eu le cœur déchiré ! Chaque kilomètre fait sur l’autoroute, dans la nuit, la séparait un peu plus de moi et une boule de stress, d’inquiétude, de culpabilité, de manque, d’abandon, de tristesse et d’injustice grossissait dans son ventre. Elle regrettait de m’avoir laissé tout seul à l’hôpital et elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Je lui fais énormément de peine et si elle le pouvait, elle prendrait ma place sans hésiter !
Maintenant elle va mieux et avec Papa, ils ont décidé de vivre au jour le jour et de me laisser le temps qu’il faudra pour que je respire parfaitement bien et que je mange tout seul. Ils sont seuls dans l’appartement et ça leur fait vraiment bizarre de voir ma chambre…. vide ! Ils se demandent où je suis et ils pensent à moi chaque seconde. C’est une véritable épreuve que nous traversons tous les trois et il faut qu’on se soutienne les uns les autres ! Sans me vanter, je pense que c’est moi le plus courageux de la famille ! J’encaisse tout plein de souffrances et d’examens sans rien dire. Je me bats de toutes mes forces pour respirer comme un grand et pour téter le sein de Maman. Chaque jour, je fais quelques progrès et c’est un pas de plus vers la sortie, c’est une victoire pour l’équipe médicale, pour mes parents mais surtout pour moi ! Je pense qu’il me faudra quelques semaines pour réussir à faire tout ce qu’on me demande mais très bientôt, je ferai la surprise à mes parents de pouvoir rentrer à la maison avec eux… pour leur plus grand soulagement et notre plus grand bonheur !
Si je vous ai écrit tout ça, c’est pour que vous sachiez, vous les bébés, que ce n’est vraiment pas facile d’être prématuré et pour que vous sachiez, vous les mamans, à quel point c’est dur de commencer la vie de parents dans ces conditions…
Ma naissance était prévue pour le 11 octobre mais j'ai vu le jour le 25 août. Eh oui! Il y a beaucoup de différence! Je suis né à 33sa+2 soit 46 jours avant la date prévue. Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis venu si vite? Eh bien, c'est parce que Maman a attrapé un streptocoque B qui se baladait dans son sang et dans mon liquide amniotique. Les médecins ne pouvaient pas me soigner dans son ventre alors ils ont décidé de me faire sortir pour me guérir. Ca n'a pas été très difficile puisque Maman avait beaucoup de contractions depuis plusieurs jours. Je suis donc né le 25 août 2006 à 3h57. Je pesais 2,770 kilos pour 49 cm.
Quand on naît aussi tôt, notre petit corps n'est pas tout à fait prêt. On m'a donc mis dans une couveuse avec une CIPAP (un appareil qui m'aidait à respirer). Quand ma maman m'a vu comme ça pour la première fois, elle a beaucoup pleuré! Ca a été un énorme choc pour elle! Sa famille et ses amis lui demandaient des nouvelles de moi alors elle répondait que j'étais aux soins intensifs de néonatologie et qu'elle ne voulait pas avoir de visites. On ne peut y aller que 2 par 2 et les enfants ne sont pas autorisés à entrer. (A part les frères et soeurs). Il faut se laver et désinfecter les mains avant d'entrer et annoncer notre arrivée aux infirmières. Lorsqu'on arrive dans la salle, c'est très impressionnant! Il y a des couveuses partout, une infirmière par bébé et des alarmes sonnent à tout moment. On sent un état de stress général et ce n'est pas agréable du tout...
J'avais un monitoring pour surveiller ma FC (fréquence cardiaque), ma FR (fréquence respiratoire) et mon O2 (taux d'oxygène dans mon sang). Les alarmes sonnaient souvent car j'arrêtais de respirer quand je dormais ou quand je mangeais. Une fois, Maman me portait et j'étais tellement bien que je me suis endormi... tellement fort que j'en ai oublié de respirer! Toutes les alarmes de mon monitoring ont sonné et mon pouls est passé de 154 à 77 et mon taux d'oxygène de 99 à 65! J'étais couché sur Maman et je ne bougeais plus. L'infirmière qui s'occupait de moi est venue en courant et a dû me secouer pour que je me réveille. Mais ça n'a pas marché! Elle m'a secoué encore plus fort et a enlevé ma couverture pour que j'aie froid! Maman me regardait les yeux remplis de larmes et j'ai lu sur son visage la peur de me perdre à tout jamais... A ce moment, elle s'est dit que tout était fini... Mais j'ai finalement décidé de me réveiller et mon petit coeur est reparti après une longue et interminable minute!
Le jour suivant, j'ai fait la jaunisse. Pour me soigner, on m'a mis sous une lampe bleue et puisqu'elle est très puissante, on m'a mis des lunettes pour protéger mes petits yeux. Avec tous les antibiotiques que j'avais via ma perfusion (8 par jour!) en plus de la photothérapie, je peux vous dire que j'étais très fatigué et que j'ai fait beaucoup d'arrêts respiratoires. J'étais à mon 3e jour de vie et j'avais déjà subi tellement d'examens et de souffrances que Maman a pleuré toute la journée dans sa chambre... Elle était tellement triste de me voir dans cette "boîte" comme elle dit avec la perfusion au poignet, les 3 fils du monitoring dans le dos, le fil de l'oxygène au pied, la CIPAP dans nez, la lampe bleue, les lunettes, les pansements des prises de sang et la sonde dans la bouche qu'elle a complètement craqué! Elle n'arrivait pas à s'arrêter... Elle se répétait que normalement, je devrais encore être dans son ventre et que rien de tout cela n'aurait dû m'arriver. Elle a beaucoup culpabilisé et s'en voulait à mourir! Elle a demandé de l'aide aux sages-femmes qui ont appelé mon pédiatre. Il lui a alors expliqué qu'elle n'y était pour rien et que c'est un manque de chance d'avoir eu cette bactérie. Elle a compris que ce n'était pas de sa faute mais encore aujourd'hui il lui arrive de s'en vouloir...
Les jours ont passé et j’ai pu quitter les soins intensifs pour aller à l’hospitalisation. C’est beaucoup plus calme et il y a une infirmière pour 3-4 bébés. Là-bas, je suis toujours sous monitoring car je fais encore des bradycardies et des désaturations pendant que je dors ou que je mange. Mon pédiatre a décidé d’épaissir le lait de maman pour voir si je fais moins d’arrêts respiratoires (il pense que j’ai du lait qui sort de mon estomac et qui va dans mes poumons). Depuis, je fais beaucoup moins de bradycardies mais j’ai du mal à digérer alors je vomis souvent. On m’a fait des radiographies de tout l’abdomen pour voir ce qui n’allait pas. Maman était à côté de moi et une fois de plus, elle était morte d’inquiétude… Moi, je pleurais très fort parce que j’avais faim et que les médecins me faisaient mal. Heureusement, Maman a su garder son sang froid et elle me parlait doucement et me rassurait. Après cet examen, elle m’a donné le sein mais je n’ai pas encore la force de téter alors je prends 10ml et je m’endors. Il faut donc me donner le reste de mon lait par la sonde.
Après 2 semaines passées à l’hôpital, Maman a décidé de dormir au près de Papa et de faire les trajets tous les jours. La première fois qu’elle est rentrée à la maison, elle a eu le cœur déchiré ! Chaque kilomètre fait sur l’autoroute, dans la nuit, la séparait un peu plus de moi et une boule de stress, d’inquiétude, de culpabilité, de manque, d’abandon, de tristesse et d’injustice grossissait dans son ventre. Elle regrettait de m’avoir laissé tout seul à l’hôpital et elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Je lui fais énormément de peine et si elle le pouvait, elle prendrait ma place sans hésiter !
Maintenant elle va mieux et avec Papa, ils ont décidé de vivre au jour le jour et de me laisser le temps qu’il faudra pour que je respire parfaitement bien et que je mange tout seul. Ils sont seuls dans l’appartement et ça leur fait vraiment bizarre de voir ma chambre…. vide ! Ils se demandent où je suis et ils pensent à moi chaque seconde. C’est une véritable épreuve que nous traversons tous les trois et il faut qu’on se soutienne les uns les autres ! Sans me vanter, je pense que c’est moi le plus courageux de la famille ! J’encaisse tout plein de souffrances et d’examens sans rien dire. Je me bats de toutes mes forces pour respirer comme un grand et pour téter le sein de Maman. Chaque jour, je fais quelques progrès et c’est un pas de plus vers la sortie, c’est une victoire pour l’équipe médicale, pour mes parents mais surtout pour moi ! Je pense qu’il me faudra quelques semaines pour réussir à faire tout ce qu’on me demande mais très bientôt, je ferai la surprise à mes parents de pouvoir rentrer à la maison avec eux… pour leur plus grand soulagement et notre plus grand bonheur !
Si je vous ai écrit tout ça, c’est pour que vous sachiez, vous les bébés, que ce n’est vraiment pas facile d’être prématuré et pour que vous sachiez, vous les mamans, à quel point c’est dur de commencer la vie de parents dans ces conditions…
